J'ai toujours été aimé. Ma mère me faisait des câlins et mon père m'apprenait à jouer au base-ball. Vous me direz, ma vie est peut-être un cliché. Vous avez raison, au moins pour les trois premières années de ma vie. Quand j'eus trois ans, mon père quitta ma mère, non pas pour suivre une femme non, pour faire ce qu'il avait toujours voulu faire depuis son adolescence : fait son coming-out. Mes grands-parents étant très conservateurs on haït au plus haut point mon père, mais ce n'est pas pour autant qu'il a tiré un trait sur son bonheur. Il s'est mis en concubinage avec son petit ami et voilà que j'avais toujours mon sac à dos le week-end pour aller chez mon père. Ma mère a été très ouverte d'esprit, elle a accepté le fait que mon père veuille enfin vivre sa vie et ainsi elle a laissé la porte ouverte pour une nouvelle relation amoureuse. A cinq ans j'eus un petit frère et une petite sœur. Mon père avait fait appel à une mère porteuse et je me retrouvais ainsi l'ainé de la famille. Ce rôle me plaisait fortement. Ainsi, Carrie et Liam on rejoint notre famille. Ma mère était elle aussi un membre à part entière de cette famille recomposée. On pouvait dire qu'on était heureux, très heureux.

Niveau amour j'étais loin d'être un Dom Juan, au contraire j'arrivais à peine à formuler une phrase devant une fille qui ma plaisait. « T'es vraiment trop con. » Déclarait une fille qui me plaisait devant tout le monde dans le couloir du lycée avant de me planter là en rigolant. La honte. J'avais même pas articulé deux mots et un gars s'était ramené pour lui dire que je l'aimais sans doute. Les filles voyaient en moi un intellectuel, quelqu'un qui n'avait aucune vie sociale. Tout ça car je portais des lunettes ? Je ne savais pas, en tout cas j'avais juste quelques amis sans plus mais je n'étais pas malheureux pour autant. En fin de journée j'allais à chaque fois chercher mon frère et à ma sœur pour que l'on rentre ensemble. C'était un petit rituel de famille, et je continuais à passer les week-end chez mon père. J'étais un élève très studieux, je récoltais toujours des notes excellentes et je ne trouvais aucune difficulté à entrer, à dix-huit ans, dans l'école d'architecture que je souhaitais intégré. Depuis tout petit j'étais focalisé sur les bâtiments, sur leur histoire et tous mes prototypes étaient construits à base de LEGOS. Autant dire que cela m'avait couté une petite fortune. Quand on me demandait ce que je voulais à Noël je répondais toujours des LEGOS, même à quatorze ans... En tout cas, ma popularité envers les filles n'a jamais changé, et c'est sans petite amie que j'entrais dans le monde adulte.

On le sait, j'étais nul pour draguer, mais il y avait une fille qui m'avait vraiment tapé dans l'œil. On buvait au même café le midi et entre mes plans d'architecture je ne pouvais pas détacher mon regard du sien. J'étais comme hypnotisé. Elle commandait toujours la même chose. Du café avec un muffin au chocolat et elle était toujours assise à la même table. Je n'arrivais jamais à décrocher mon regard d'elle, elle était tout simplement magnifique avec ses cheveux blonds et son regard pétillant. Un jour on attendait l'ouverture ensemble, on était arrivé plus tôt que prévu et sous son parapluie elle se mit à parler. « Je sais que vous n'arrêtez pas de me regarder. » Pris sur le fait, je rougis et j'essayais de parler en vain. Je n'arrivais pas à prononcer un seul mot, foutue timidité. « Si vous voulez un jour vous pourrez m'offrir un café. » Elle me sourit avant d'entrer dans le café quand il fut ouvert et je la suivis, arrivant enfin à parler. « Je peux vous l'offrir aujourd'hui ? » Dans la vie il fallait prendre son courage à deux mains et sans doute si j'avais laissé passer l'occasion, aujourd'hui on ne serait pas ensemble.


Eloyce était ma première vraie petite amie si on pouvait dire, je n'avais eu que des amourettes. J'étais très amoureux d'elle et quand elle me déclara qu'elle avait un fils en bas âge, je ne reculais pas bien au contraire je montrais que ce n'était pas grave et que je l'acceptais aussi. Le petit ami de mon père l'avait bien fait pour moi. Je n'aurai jamais pensé que son fils, bien que je me montrais très gentil, ne m'aimait pas. Au fil des années il le montrait bien, ne me parlait pas ou pire me disait les pires horreurs du monde avant de faire un grand sourire quand sa mère entrait dans la pièce pour montrer qu'il ne faisait rien. Il ne m'aimait pas, en fait il avait sans doute peur que je lui vole sa mère ou que remplace son père. C'était alors pour moi un rôle bien compliqué. Eloyce et moi cela fait cinq ans que l'on est ensemble et on s'est fiancé il y a un an. Son fils a six ans et voilà qu'il y a un mois elle m'a annoncé : « Je suis enceinte. » je voulais vraiment être père et j'étais au comble du bonheur c'était sans compté, un le retour du père de son fils, deux, le fils qui me déteste toujours autant et qui est loin d'apprécier le fait que sa mère lui donnera une petite sœur ou un petit frère. Ahhh la famille...