« Tututu. Tututu. Tututu. Tututu.

Grr. Difficilement, je sors mon bras du drap et attrape mon portable, source de mon ennui. Plissant les paupières à cause de la luminosité, je vois que j’ai visiblement donné mon numéro à quelqu’un hier soir. Dur. Quelle heure est-il ? Quatorze heures. Très dur. Heureusement, nous sommes samedi. Grognant, je m’étire et baille avant de me lever. Un orchestre a établi son camp dans mon crâne, et ma vision est trouble. Je regarde la forme sous mes draps. Je n’ai pas dormi seule. Soupirant, je me dirige vers la salle de bain et me dévêtit. Je jette un œil à mon visage dans le miroir. Oh mon Dieu, je suis hideuse. Mon mascara a coulé sur mes joues, me faisant ressembler à un panda, j’ai les cheveux en batailles, mon cou jouit d’un suçon énorme, et mes yeux sont explosés. Mon miroir semble se moquer de ma tête de junkie mal réveillée. Baillant, je finis par rentrer dans la douche pour essayer d’arranger ça.

L’eau froide coule sur ma peau brûlante, le bruit résonne dans mon crâne comme un écho, la lumière me brûle les paupières. Je lave mes cheveux dans l’espoir d’en enlever l’odeur désagréable de drogue, frotte mon corps pour retirer la chaleur corporelle de ma conquête de la veille. J’en ai assez de devoir faire ça si souvent. Soupirant, je finis par sortir et me sécher. Enfilant un pantalon en cuir et un tee-shirt blanc assez large et me maquillant, je me demandais comment j’allais faire pour virer la personne qui était dans mon lit cette fois. Avant tout, étais-ce une fille ou un garçon ? Quel était son nom ? Que pouvait-il bien s’être passé hier soir ? Des images floues me venaient, toujours les mêmes qu’à chaque lendemain de soirée ; des gens qui dansent sans se soucier des regards d’autrui, des tables blanchies par la drogue, des bouteilles vides partout, des corps nus, … Je m’assis sur la baignoire et fermai les yeux. C’était toujours la même chose, je déraillais complètement. Mais étrangement, je me complaisais dans ma situation d’autodestruction, j’étais heureuse de ne pas me souvenir de ce que je faisais. La liberté était enivrante.

Sans ménagement, je jetai l’homme nu de mes draps à la porte (car oui, c’était un homme) et lisais mes messages. Lexie travaillait cet aprèm, décidemment elle était trop sérieuse. Alaska se retrouvait dans la même situation que moi, visiblement elle était avec moi à la soirée et faisait face à un trou noir. Sheldon me disait bonjour. Il me connaît bien ce garçon. Souriant, j’ouvrais pensivement le placard dans l’espoir de prendre un café pour me réveiller. Et soudain, c’est le drame. Il n’y a plus de café. Oh mon Dieu, il n’y a plus de café ! Mais c’est pas possible, pourquoi personne ne pense jamais à acheter du café ? Grognant contre moi-même, les gens qui ne vivaient pas avec moi, les invités, les inconnus, les corn flakes et les chiens, je fouillais dans mon dressing à la recherche d’une veste.

Je ne peux décemment pas commencer la journée sans un café, peu importe l’heure qu’il est. Ma veste en cuir fera l’affaire. Dans le miroir du couloir, j’aperçois le suçon dans mon cou et attrape un foulard pour le cacher. Ca ira. Enfilant le plus vite possible mes dernières chaussures, je prends mes clés et pars. Je m’étais habillée bien vite, moi qui mettais un point d’honneur à toujours être à la pointe de la mode. En jetant un coup d’œil dans une vitrine-glace, je me dis que le cuir était éternellement tendance. Cette tenue me donnait un petit côté rockeuse qui ne me déplaisait pas. Baillant à nouveau, je monte dans ma voiture et démarre en direction du café le plus proche. Très vite, j’arrive devant un Starbucks Coffee et m’arrête. Ces petits cafés sont très à la mode en ce moment, et il faut avouer que c’est très bon. J’attrape mon portable et regarde mes messages avant de sortir de la voiture. Rien d’important. Oh, et si j’invitais Aloysia à boire un café avec moi ? Je n’ai pas vu ma meilleure amie depuis un petit moment, et je dois avouer qu’elle me manque.

Sitôt dit, j’envoyais un message à la fille qui était si importante pour moi et entrais dans le café. Faire la queue. Je soupirais. Je déteste faire la queue. Tant pis, toute attente a un réconfort. En essayant de doubler le plus de monde possible et en m’attirant une bonne dizaine de commentaires insultants reçus avec un grand sourire hautain, je finis par arriver devant la vendeuse. C’était une blonde à forte poitrine, souriant bêtement, empreinte d’une naïveté et d’une gentillesse à faire vomir. Je levai les yeux au ciel pendant qu’elle énumérait le nombre d’excellents et originaux cafés qu’ils vendaient. En ayant assez de l’entendre vanter les bienfaits du capuccino doré aux algues, je dis sèchement :

« Je veux juste un café. Serré. Maintenant. »

Son regard perdu et ceux, outrés, des gens autour, me firent adopter un sourire en coin narquois, pendant que je prononçais un s’il vous plaît ironique. J’ai attendu, mais j’ai fini par avoir mon café. Payant, je m’assis à une table pour deux personnes dans un coin et fermais les yeux. Mon mal de tête s’était calmé, et les lumières avaient arrêtées de danser devant moi. Un bon point. J’entendis la porte s’ouvrir, et je rouvris les yeux pour voir ma meilleure amie. Je me levai et sautai dans ses bras, heureuse de la revoir après ces quelques jours de séparation. Aloysia était ma meilleure amie, et nous connaissions tout l’une de l’autre. Jamais je ne pourrais me passer de son sourire. Je lui présentai la place en face de moi et me rassis. Enjouée, j’entamais alors la conversation.

« Alors ma belle, tu racontes quoi ? »

Et c'est comme ça que tout a commencé. »