Si vous regardez ma carte d'identité vous pourrez voir que je m'appelle Julianna Sephora Collins. J'ai vu le jour pour la première fois dans une ville près de Phoenix en Arizona. Mes parents ont toujours été aimants et aux petits soins avec moi. À vrai dire j'étais meme gâtée pourrie. Je suis l'aînée de ma fratrie, j'ai dû donner l'exemple à mon frère et à ma soeur, du moins c'était comme ça que je le voyais. J'ai toujours eu ce fardeau d'être la petite fille parfaite, enfaite personne ne pouvait me reprocher quoi que ce soit. C'est du haut de mes 4 ans que j'ai accueilli mon petit frère avec beaucoup de curiosité mais de jalousie également. Mes parents m'ont mis de côté inconsciemment. À partir de ce jour j'ai vraiment eu l'impression d'appartenir au décor. Et malgré tous mes gestes désespérés pour re capter leur attention je n'y suis jamais parvenu. Alors quand ma soeur a pointé le bout de son nez c'était définitivement la fin du règne de la princesse Julianna. Car oui à l'époque j'étais perçu comme un miracle, ma mère ayant eu beaucoup de soucis durant sa grossesse. À ma naissance j'ai été plus que choyée, j'étais la fille à papa. Mais à mon adolescence je me suis longtemps cherché, et comme j'étais devenue invisible j'ai pu réfléchir à énormément de choses. J'ai fais de bonnes comme de mauvaises rencontres qui ont fini par bouleverser ma vie à tout jamais. Mais avant de vous dire quoi, je voudrais revenir sur quelques points qui me tiennent à coeur et qu'il est intéressant de connaître.


On m'a longtemps considéré comme le vilain petit canard, car avant d'arborer ce magnifique physique je suis passé par de nombreuses étapes douloureuses. J'ai eu de l'embonpoint durant quelque temps, je n'ai pas été courtisé très jeune, je n'ai d'ailleurs jamais cherché l'amour. J'y croyais, et je l'idéalisais le soir dans ma chambre en lisant des romans. J'ai toujours aimé lire, regarder de bons films romantiques pour oublier ma vie misérable de "fille spéciale". J'ai toujours eu du mal à établir le contact avec les autres, j'ai encore honte de moi et de ce que les gens pourraient penser de moi. J'en deviens limite paranoiaque. Je sais que ça peut paraitre stupide, car vous me direz tu as vu le physique que tu as comparé à ces centaines de filles là ? Oui je sais mais ça ne m'empêche pas aujourd'hui d'avoir quelques soucis notamment sur le plan social. À l'heure actuelle je comprends beaucoup de choses, mes parents m'ayant beaucoup couvé je n'ai pas pu expérimenter le monde comme il aurait fallu, alors en société je suis une vraie tare, j'évite d'ailleurs un maximum les grandes rencontres ça me met plus mal à l'aise qu'autre chose. Il peut donc arriver de me voir fuir en pleine réception. Revenons à présent sur ce qui a changé ma vie radicalement. Je devais avoir 16 ans à l'époque, j'avais maigri, j'avais enfin pris conscience que j'étais une femme et qu'il était temps de le prouver. Je me suis donc métamorphosée durant ses années pour donner ce que je suis aujourd'hui, sans me vanter une femme agréable à regarder. À dire que depuis toujours j'ai honte de ce que je suis alors que des millions de jeunes femmes tueraient pour posséder ce que j'ai. Enfin bref, un garçon avait attiré mon attention de petite intello du premier rang. Il était beau, drôle, un peu rebelle et en plus de ça il m'adressait la parole. J'étais sa Jul', je l'aidais à réviser le soir car à part faire le pitre et fumer des joints, l'école n'était pas sa priorité.


Au fur et à mesure de nos rencontres plus ou moins intimes, car oui j'ai oublié de le mentionner : nous étions seuls dans ma chambre, je suis tombé amoureuse de lui. Un amour idéaliste et destructeur. Il lui aura fallu beaucoup de temps pour le comprendre, il était sorti avec une fille alors que j'en pinçais pour lui, ça m'avait consumé de l'intérieur et j'avais fini par éclaté un soir d'automne bien pluvieux. Je lui avais finalement tout avouer, les larmes aux yeux, en colère et triste à la fois.. Et là ce fut le début de la fin. Cet homme m'avait embrassé fougueusement sans répondre quoique ce soit. Il avait été mon premier baiser, ma première fois, j'avais 18 ans. Nous avions décidé dans les jours qui suivirent de s'enfuir loin de tout, pour commencer notre vie ensemble. Nous étions jeunes, sans expérience, sans argent. J'avais envie de poursuivre mes études alors pour subvenir à mes besoins je me tuais le soir dans un bar, tandis que lui bosser à droite et à gauche. Ce que j'aimais c'était écrire, écrire des bouquins. Après 4 ans de vie commune avec des hauts et des bas, j'étais tombé enceinte. Personnellement, c'était le plus beau cadeau que le ciel pouvait me faire, j'allais être maman. J'obtiendrais mon diplome avec un ventre énorme mais je l'aurais. Je pourrais me consacrer à la maternité tout en sachant que ma carrière débuterait ensuite. Seulement les choses ne se déroulèrent pas de cette façon.


L'homme de ma vie m'abandonna du jour au lendemain. Je n'avais pas compris, et je ne comprendrais sûrement jamais. Peut être qu'il ne se sentait pas les épaules pour être père, peut être qu'il n'était pas prêt à fonder une famille ou alors il s'était rendu compte un peu trop tard que je n'étais pas la femme de sa vie. Mais j'étais une battante je n'avais pas baissée les bras, j'avais gardé mon bout de chou et aujourd'hui j'en suis comblée. Je suis la maman d'un petit garçon de 4 ans qui se porte bien et qui me rends heureuse. J'ai beaucoup mûrie, j'ai pris du recul et le regard des autres commencent à m'importer peu. Par ailleurs j'ai fais la rencontre d'un homme magnifique en déménageant dans une nouvelle ville. C'est à Saint Louis que nous avons eu le coup de foudre désormais je partage ma vie avec lui dans un charmant duplex. Lui aussi a un enfant, issu cette fois ci d'un précédant mariage. J'avoue que j'ai toujours du mal a accepter la situation, son ex femme me sort par les yeux. Mais je l'aime et je ne pose pas trop de questions. Sa fille est un ange, et si je peux lui donner toutes les cartes pour qu'elles ne suivent pas mon chemin alors je le ferais avec grand plaisir. Et qui sait peut être que ma vie pourrait être le sujet de mon prochain roman.