" Allo?" " Peter?" " Maman, je t'ai déjà dis que je voulais plus te parler. Plus jamais." "Peter, chéri, s'il te plait. Ecoute moi. Reviens à la raison. Reviens chez nous. Ta place n'est pas avec ta soeur. Elle... Elle nous a trahit. Elle ne..." " MAMAN! Je te l'ai déjà dis. Je ne reviendrai pas et JAMAIS, je ne laisserai Grace toute seule, JAMAIS tu m'entends! Alors maintenant, arrête d'appeler bordel! Arrête! " Je m'appelle Cole Barnes et ma soeur est bisexuelle. Ca c'est l'histoire de ma vie.

De base, je suis New Yorkais. Pas des plus riches, mais on s'en sortait. Je suis le premier, l'ainé, le St Graal pour mes parents. J'étais le plus beau, le plus fort. Grace est la deuxième, Connor le troisième et Juliet et Bonnie, la quatrième et la cinquième. Une grande famille. Et qui aurait cru que les enfants Barnes deviendraient de tel rebelles? Aujourd'hui, j'ai 27 ans, Grace 23 ans, Connor, 20, et les jumelles 17. Mais aucun d'entre nous n'a vécu son adolescence de la même façon. Les jumelles, en petites dernières, ont été pourri gâtés par tout le monde, y compris par moi, j'avais 9 ans quand elles sont nées. Du coup, ce sont de petites pestes, toutes mielleuses devant Papa et Maman, mais qui en secret cachent des bouteilles d'alcool sous leur matelas et fument des pétards "pour se détendre". Sacrés gamines. Connor, lui, est la réussite de la famille. Monsieur a obtenu une bourse pour l'université de Berkeley en Sciences Humaines. Je comprends pas de qui il tient pour être aussi intelligent dans ce domaine. C'est pas vraiment le domaine familial. Il nous appelle toutes les semaines pour nous dire comment ça se passe et surtout comment il aime la vue de sa chambre avec toutes ses filles topless qui se trimbalent devant. Il a bien caché ça aux parents pendant toutes ses années. Et pour finir, il y a nous. Les exclus de la famille. Ou à vrai, nous nous sommes exclus de nous même. Moi, ils voudraient que je revienne, que je reprenne les cours et la bourse que j'ai laissé tomber en partant. Ça fait maintenant un bout de temps, mais je sais qu'ils me reprendraient si je leur demandais. Mais je ne le ferai pas. Je n'abandonnerai pas Grace comme ça.

Grace a annoncé sa bisexualité à mes parents alors qu'elle avait 15 ans. Elle avait une copine à cette époque, Jess de son équipe de cheerleaders. Elle voulait la leur présenter. Mais ils n'ont pas eu la réaction attendue. Mes parents sont catholiques pratiquants et ne supportent pas cette "communauté" comme ils l’appellent. Grace pensait qu'en leur disant, ils changeraient d'avis, ils reviendraient sur leur parole et essayeraient de la comprendre. Ça ne s'est pas passé comme ça. J'avais 19 ans à l'époque, j'avais pris une année sabbatique à cause d'un accident de voile et j'étais juste à coté quand ça s'est passé. Ma mère s'est mise à pleurer, mon père avait le dos tourné, les yeux vers le sol, une main qui cachait son visage fou de colère. Je me suis approché de Grace, attrapant son bras pour la rassurer. Ma mère pleurait et pleurait en répétant "Pourquoi?" entre deux sanglots. Puis furieusement, mon père se tourna vers Grace et lui parla d'une voix dure et ferme. " Va faire tes valises Grace. Je veux que tu quittes cette maison sur le champ." Je n'en croyais pas mes yeux. Je savais que mes parents n'étaient pas favorables au fait que deux hommes ou deux femmes pouvaient s'aimer mais tout de même. " Grace, j'ai dis, VA T'EN!" Les larmes montèrent aux yeux de ma soeur et elle partit en courant dans sa chambre. Je restais ébahis devant tant d'injustice. J'avais été éduqué par cette famille, j'avais des valeurs, des manières. Et ça n'était rien de tous ça. C'était du pur mépris. " Elle... Elle s'en va?" Mon père se tourna vers moi. " Oui, je ne veux plus jamais la revoir dans cette maison." "Mais où est ce qu'elle va dormir? Comment est ce qu'elle va manger?" "Je m'en fiche Peter! Je m'en fiche, je ne veux plus jamais la revoir!" Je regarda mon père pendant un instant. L'homme qu'il était, le père qu'il était avait disparu à mes yeux. Il était mort. Je lui tourna le dos et monta rejoindre Grace. Je la trouva en pleurs sur son lit. " Grace, hey Grace. Allez, lève toi, on y va maintenant. Prends tes affaires." Je la pris par les épaules et l'assis au bord de son lit. Je sortis la grosse valise de voyage de Grace et la posa sur son lit. " Mets tes affaires dedans Grace. Toutes tes affaires. Allez, ressaisis toi, je laisserai pas toute seule petite soeur." Ca peut paraître très héroïque là comme ça et d'un coté, ça l'était. Mais les conséquences de tout ça ont été assez terribles. J'ai rassemblé mes affaires à mon tour, pris ma soeur par la main et nous sommes sortis de la maison familiale, ensemble. Sous les yeux de mes parents qui ne comprenaient pas ma réaction face à ça. Qui ne la comprennent toujours pas d'ailleurs.

Nous nous sommes d'abord réfugié chez des amis pendant quelques mois. Grace devait continuer d'aller à l'école alors j'ai refusé les bourses universitaires qu'on m'avait proposé et j'ai trouvé un boulot dans un fast food. Et Grace m'a aidé tant qu'elle pouvait avec des petits boulots après l'école, même si je lui disais de se concentrer sur ses études. On a trouvé un appartement minuscule pour deux à New York pour éviter de squatter un peu partout et on s'est débrouiller. Ma mère a continuer à venir me voir, à m'appeler, à me demander quand est ce que je revenais et quand est ce que j'allais reprendre mes études. Je ne les ai pas reprises. Jamais. 3 ans plus tard, Grace finissait le lycée avec un diplôme en poche et une bourse en Athlétisme à NYU. J'ai continué de la suivre, elle a été à l'université, j'ai pris un boulot de coursier à New York. Meilleur moment de ma vie. Ce boulot était presque fait pour moi. Du sport du sport du sport et de la compétition, tout ce qui me plaisait. Mais en finissant ses études, Grace a trouvé un boulot. A St Louis, Mississippi. Alors, comme je fais toujours, j'ai suivi ma petite soeur. Et nous voilà arrivé à St Louis. Moi sans boulot, sans diplôme et sans copine.
True story.