Ma vie ... Ma vie a commencée de la manière la plus banale qui soit. Enfin, c'est banal dans mon milieu social du moins. Une grande famille, beaucoup d'argent, et la messe tous les dimanches. J'ai grandi entourée de mes trois grandes sœurs et de mes parents attentionnés. Rien n'aurait pu être plus parfait que mon enfance. J'avais tout ce que je désirais, une famille unie, et ce qui comptait par dessus tout, une bonne réputation.

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Et puis, j'ai grandi. C'est ça le drame de la vie humaine, on grandit. Et quand on grandit, on comprend ce qu'il se passe dans notre famille. On comprend que notre père passe sa vie à travailler et à mettre la pression sur ses filles pour des histoires de chasteté. On comprend que notre mère tente de nous bourrer le crâne depuis toujours avec Dieu et toutes ces histoires de bonnes femmes. On comprend que nos sœurs se sentent coincées dans leur vie, mais n'ont pas assez de courage pour l'affronter. Tout du moins, j'ai interprété ça comme cela. Et chaque minute dans cette immense maison vide me paraissait insupportable. Chaque seconde à écouter ma mère déverser de mièvres paroles de foi m'ennuyait à mourir. Je vivais dans un tourbillon de pensées sombres, tournant en rond en me demandant si moi aussi je devrais attendre de me marier pour coucher avec un homme, puis me comporter en mère modèle avec un mari constamment absent. Je réalisais peu à peu que je ne voulais pas de cette vie. A 16 ans, je décidai enfin de faire quelque chose pour changer.

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« Lizzy, tu viens avec nous à la soirée de ce soir ? » Ce jour là, mon mode de vie changea. En sortant en pleine nuit par la fenêtre avec une bouteille d'alcool à la main, l'adrénaline me battant les tempes, pensant aux folies que j'allais faire et aux problèmes que je pourrais m'attirer à cause d'une simple soirée, je me sentais revivre. Ce fut à cette soirée que je touchai pour la première fois à la drogue, et depuis je n'ai plu pu m'en détacher. Jusqu'à mes dix sept ans, je sortais donc en cachette par la grande fenêtre de chez moi, en pleine nuit, en emportant des cigarettes, de l'alcool, de la drogue, pour aller retrouver mes amis, si perdus que moi dans cette vie qu'ils ne comprenaient pas. Jusqu'au jour où mon père a découvert mon secret.

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« LIZZY ! VIENS ICI TOUT DE SUITE ! Qu'est ce que c'est que ça ? C'est un paquet de cigarettes ? » J'avalais ma salive. Mon père avait fouillé dans mon sac à main, et il état arrivé le jour que je redoutais. Pourtant, je ne baissai pas les yeux pour m'excuser, je regardais cet homme qui n'avait jamais été vraiment là, que j'avais toujours vu de loin, et je me demandai quel droit il avait à fouiller dans mon sac. C'est ainsi, pour la première fois, que ma personnalité rebelle s'est affirmée. J'ai regardé mon géniteur avec arrogance, lui répondant sans cesse, impertinente, et me délectant du doute qu'il avait dans le regard. C'était, je crois, la première fois qu'une de ses enfants lui résistait. Et ce ne serait pas la dernière. A la suite de cette dispute, je me permis de sortir de chez moi, bouteille à la main, en plein jour, devant le regard de mes parents. Je n'avais plus peur. J'avais dix sept ans, et j'avais de l'avance sur mes sœurs pour ce qui est des expériences de la jeunesse. J'eus mes premières relations sexuelles, avec des garçons, puis avec des filles, je sortis avec tous ceux qui me le demandait, je testai toutes sortes de drogues, je rentrai chez moi ivre et accompagnée, ... Au nez de tous, je tombais peu à peu dans la débauche adolescente, moi, seule McLaughlin qui était née dans une génération rebelle, qui ne se satisfait de rien. Jour après jour, en montrant à mes parents cette face de moi dont ils ne pouvaient qu'avoir honte, en entachant leur réputation et en cassant leur idéaux, je creusais le fossé entre nous.

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Depuis quelques mois, mon père ne m'adresse plus la parole. Dans notre dernière conversation, il m'a crié qu'il avait honte de moi, et je lui ai rétorqué que je ne le considérait même pas comme mon père. On se croise dans les couloirs et on s'ignore. On ne se regarde même plus. Il semble y avoir un mur entre nous. Ma mère, quant à elle, est devenue pitoyable à mes yeux. Je préfère lui répondre que baisser les yeux et me soumettre à elle, elle dont j'ai un si bon souvenir et qui pourtant ne m'inspire plus que du dégoût. Je la voit, et je pense à cette religion grâce à laquelle ils voulaient nous enfermer dans une cage d'or. Non, moi je me suis envolée maintenant, peu importe qu'ils n'aiment pas la manière grâce à laquelle je me sens libre. Je parle parfois avec Hope aussi. Mais elle m'ennuie, cette fille modèle que mes parents adorent tant. Je n'arrive pas à la comprendre ; comment peut-on fermer sois-même sa cage ? Leah ... Leah me comprend, je crois. Il me semble qu'elle est fière de moi, et je l'aime bien pour ça. Bon, je remarque bien son regard inquiet, mais je préfère l'ignorer. Lexie a le même regard. Mais Lexie, j'ai l'impression d'être plus proche d'elle que des autres, peut être parce qu'on a moins de différence d'âge qu'avec Hope ou Leah. Lexie est un peu mon modèle, dans un sens. Mais je préfère être mon propre modèle, celui d'une existence en crise, préférant oublier dans la drogue, le sexe et l'alcool, qu'affronter la réalité ennuyeuse de ce monde.