Vous voyez cet homme là-bas. Oui celui-ci avec sa flûte de champagne et son air assez orgueilleux. Il s'agit de Callum Ezra Fitzgerald, mon père. Aujourd'hui il se trouve au milieu d'une immense salle et s'apprête à grimper sur l'estrade son verre à la main. La fierté peut se lire dans ses yeux. Oui il était fier de parler devant tout ce beau monde. C'est un homme plutôt orgueilleux qui aime se donner en spectacle ou tout du moins qui aime voir une assistance entière boire ses paroles. Il apprécie de prouver son importance aux yeux de la société, même s'il n'a pas spécialement besoin de faire un beau discours pour cela. En effet, ma famille ; la famille Fitzgerald est une des familles pionnières de la ville et elle possède désormais le quart des biens immobiliers de la ville. Bref. Il dépose son verre de champagne sur la petite tablette et adopta un ton péremptoire. « Aujourd'hui, nous fêtons les cinquante ans de la société immobilière Fitzgerald. Cette société est née grâce à la dextérité de mon père et est devenue l'un des fleurons de notre ville avec une part de marcher qui dépassent la moitié des attentes immobilières de la ville. J'ai travaillé corps et âmes pendant des mois, des années pour que notre entreprise vous fasse découvrir le meilleur logement adapté pour vous et votre famille. Aujourd'hui, la société prend un nouvel envol à travers ma famille. Ce soir, je vous ai tous réunis, amis et proches collaborateurs, pour vous présenter celui qui, dans une vingtaine d'années, me succédera. Il s'agit de mon fils, Louhàn, que Elena, mon adorable épouse, a mis au monde il y a un peu de moins de deux semaines. Mon fils, c'est mon avenir, mais aussi le vôtre. » Je n'avais que deux semaines que mon avenir était déjà tout tracé. Je dois désormais grandir, faire de brillantes études, décrocher une bourse et reprendre cette société qui appartient à la famille depuis cinquante ans désormais. Mon destin est déjà écrit par mon père et le connaissant, tous les gens présents dans cette assemblée savent déjà que je ne pourrais jamais échapper à cela. J’étais sa fierté et celle de ma mère aux yeux du monde entier, mais au final, j’ai été élevé par Grace la nounou de la maison avec ma petite soeur, née deux ans après moi, Malèa.

« Lou ? Tu sais pourquoi Papa il est jamais à la maison ? » Malèa. Petite blondinette âgée de quatre ans. Ma petite sœur. Mon petit trésor. Comme tout les soirs, maman l’as couchée dans son lit, mais dès que cette dernière à le dos tourner, elle vient me rejoindre dans ma chambre. Elle toque à la porte, passe sa petite tête par l’entrebâillement et vient rapidement ce faufiler sous ma couette. A quatre ans, elle n’aime pas dormir seule. Alors elle me rejoint et finit par s’endormir avec moi. Mais ce soir, c’est bien la première fois qu’elle me demande pourquoi papa n’est jamais là. Je ne sais pas trop quoi lui répondre. A six ans, seulement, j’ai compris. Mon père ne voulait pas s’occuper des enfants, ils trouvaient que c’était une perte de temps, tout ce qui comptait à ses yeux était sa compagnie immobilière. Il rêve de voir la famille Fitzgerald régner sur Cork et encore plus sur l’Irlande, alors il passe ses journées au travail. Mais comment expliquer cela à une petite fille ? « Il travaille beaucoup c’est pour ça Maé. » lui répondis-je tendrement. Elle finit par attraper son doudou et le serre bien fort contre elle tandis que je remonte la couverture vers nous. « Moi je crois que papa, bah il nous aime pas. » Sa petite voix est plus sérieuse que jamais. Et ça fait mal. Ca fait de mal de voir que elle aussi elle a compris. Elle est trop petite pour ce rende compte de cette réalité et pourtant… Elle a compris que nous ne saurons jamais rien aux yeux de notre paternel…

On a continué à grandir comme cela. Notre père était présent uniquement pour faire des reproches et pour nous dicter notre vie. J’avais dix ans lorsque mon père ce décida à aller conquérir l’Amérique. C’est comme cela que nous avons atterri à Saint Louis, ma mère ne voulant pas vivre à Chicago. J’avais dix ans, mais mon père me disait déjà que je devais reprendre son entreprise. Il a voulu me formater, faire de moi son petit soldat, mais ça n’as jamais fonctionné. Je ne deviendrais jamais le fils modèle qu’il souhaite. Juste pour le contredire. Juste parce que je le déteste. Mais également pour protéger ma petite sœur. Pour lui montrer qu’elle peut réussir, même si elle n’écoute pas ce que notre père veut lui dicter.


Camilla. Nevaeh Camilla Griffins-Todd. Une jolie rousse qui n’est autre que ma meilleure amie. Notre première rencontre date d’il y a douze ans déjà. On venait tout juste de débarquer à Saint Louis. Premier jour d’école et je ne connaissais personne excepter ma petite sœur. Elle était dans la classe de ma sœur, étant donner qu’elles ont le même âge. Et cette petite rousse c’était mis en tête de nous faire connaître la ville. Le soir en rentrant de l’école, nous avons constaté que nous vivions dans la même rue. A quelques mètres près elle était ma voisine. Au début, je ne disais pas grand chose lorsque j’étais en sa compagnie. Je la trouvais juste… Trop belle pour être vrai. Alors je laissais les filles parler entre elles et je me contentais de les observer. Mais Camilla est du genre têtu quand elle le veut et elle voulait absolument que je lui parle. Au fil du temps, ma sœur ce fit d’autres amis, de mon côté je passais tout mon temps avec Camilla. On était différents sur certaines choses, mais il y avait ce lien entre nous. Ce truc inexplicable qui fait qu’ensemble tout va bien. Avec elle, je peux oublier que mon père ce fiche totalement de moi, que ma mère ce tape des gamins de vingt ans et tout le reste. Ensemble on fait les quatre cents coups et je la protège comme je protège ma petite sœur.

Aujourd’hui j’ai vingt-deux ans. J’ai décidé de continuer à aller à l’encontre des idées de mon père et prépare actuellement un diplôme pour devenir chargé de communication. C’est quelque chose qui me plaît, quelque chose qui me motive et je me fiche totalement de l’avis de mon paternel sur la question. Ce dernier m’as coupé les vivres, mais j’ai trouvé un petit boulot en tant que barman et j’arrive à payer mon loyer de façon correcte. Ma mère m’envoi de l’argent de temps en temps et ma petite sœur vit avec moi. La colocation est parfois un peu tendue, mais au final, c’est tout ce dont on avait toujours rêvé. La liberté.

« Hermès Louhàn Fitzgerald, tu me sers un verre ? » Ce soir, je travaille au bar, je pensais avoir une soirée tranquille, mais c’était sans compter sur le fait que la promotion de Camilla avait décidé de passer la soirée ici. Leur première soirée étudiante. Ils ont vingt ans et ce sentent invincible et je suis content de la voir aussi souriante et joyeuse pour une fois, mais il faut avouer qu’elle n’était pas obliger de crier mon nom en entier pour que je lui donne à boire. Je lui sers un nouveau verre. « Fait attention à toi. » J’ai à peine le temps de lui dire cela qu’elle retourne s’amuser avec ses camarades. Du coin de l’œil, derrière mon comptoir je la surveille toute la soirée. Je la vois danser, rire et surtout, surtout je la vois avec ce garçon. Sûrement quelqu’un de sa classe. Il lui tourne autour depuis le début et il semblerait qu’elle soit plutôt intéressée. De mon côté, je serre les poings et la mâchoire. Je sais que je ne devrais pas, que je devrais la laisser vivre sa vie tranquillement, mais il y a ce sentiment. Ce sentiment étrange qui m’habite depuis quelques temps. Ce sentiment là, je ne l’ai jamais connu, mais je suis pratiquement sûr de savoir ce que c’est. Je suis amoureux de ma meilleure amie. Ca ne devrait pas arriver. Cela pourrait briser notre si belle amitié. Mais c’est plus fort que moi. Mais je prends sur moi. Pour elle, pour nous et parce que je suis un peu trop fier pour m’avouer ce genre de chose. La soirée ce poursuit vers les quatre heures du matin les étudiants commencent à partir un par un. Le mec qui draguait Camilla c’est fait la malle et elle est seule. La tête posée sur une table. Il semblerait qu’elle est trop bue. Mon patron me libère et je me dirige vers elle. « Aller viens ma belle, je te ramène chez toi. » lui dis-je tandis qu’elle passait son bras autour de mon cou. Je la hisse dans mes bras et la ramène chez elle en silence. Sans rien dire comme toujours. Je la dépose délicatement dans son lit, l’embrasse sur le front et m’en vais. C’est idiot. Tomber amoureux de sa meilleure amie. Totalement idiot.