« Je suis un pur produit marketing engendré par mes géniteurs qui comptaient sans doute sur moi pour ne pas entacher la brillante réputation de mon père, le fondateur et PDG de la marque de joaillerie la plus exportée dans le monde. Ma mère, quand à elle, ne travaille bien évidemment pas. Comme la majorité des femmes de ce monde de fortunés, elle préfère se laisser entretenir par un époux qu'elle a choisi en fonction de son relevé de compte. Il fallait bien qu'elle ait connaissance de ce qu'elle pouvait dépenser par semaine avant de faire son choix définitif. Enfin, définitif est un bien grand mot. En effet, je sais pertinemment qu'elle ne se contente pas uniquement de prendre soin de mon père. Mais que voulez-vous, en tant qu'ex mannequin renommée il est normal qu'elle attire la curiosité des quadragénaires en mal de tendresse. Edward Donovan, mon très cher papa, ne déroge pas à cette règle. Car lui aussi s'amuse dans son coin. Avec de jeunes filles à peine majeures qui pourraient très bien me servir de petites amies. Heureusement pour lui, j'en ai déjà consommé plus de la moitié. Je les lui laisse volontiers. Ces filles de pourront au moins se vanter d'avoir intimement connue le père et le fils Donovan. Et croyez moi, cela fait toujours bonne impression lorsque c'est habilement lancé dans une conversation entre copines. Du moins, c'est ce que je retenais après avoir entendu chaque soir des conversations entre ses petites sottes dans les cercles privés des boîtes branchées. D'ailleurs, ces dernières semblaient être mon refuge depuis mes quatorze ans. J'ai fréquenté le Paradise, le Vintage, le Metropolis... Aujourd'hui je les fréquente encore, mais d'autres endroits sont venus s'ajouter à cette liste de lieux huppés. C'est ici que j'ai rencontré la plupart des individus qui compose les 500 noms se trouvant dans mon répertoire. C'est également eux à qui je dis bonjour lorsque je me promène dans les rues de la ville. Il est, bien évident, que je ne connais pas leurs noms. Mais qu'importe. Ils sont si contents de me rencontrer que je ne peux les accabler de malheur. D'autant qu'ils ne seront pas les derniers à subir ce que j'appelle mes foudres. J'utilise cette expression depuis fort longtemps. Pour la comprendre, il faut se mettre dans la peau de ces filles avec qui j'ai joué pour les jeter ensuite comme un emballage de fast food vide; de ces petits c*ns que j'ai remis dans le droit chemin. Mais il faut savoir que mon propre droit chemin n'est pas celui de leurs parents. Il faut se souvenir de ce que sont devenus ces adolescents à qui j'ai distribué de la coke pour, soit disant, 'qu'ils s'amusent comme jamais'. Rappelez-vous de cette chère Ashley. Petite femme respectueuse et timide aujourd'hui devenue jeune traînée vulgaire et désabusée. Allez-y, vous mourrez d'envie de le dire. Je suis un connard volontaire, et c'est ce dernier point qui fait tout mon charme. J'avoues sans honte aimer voir les gens sombrer. Je me délecte du malheur des autres, et rejette toutes formes de bonheur qui, à mon sens, n'existe pas. Il s'agit d'un sentiment déguisé pour empêcher les êtres humains de trop se morfondre.

Il faut dire que c'est à partir du moment ou je suis sortis que j'ai dérapé. J'ai passé toute mon enfance enfermé dans le luxueux appartement de mes parents. J'ai étudié à domicile, et ne rencontrait que les autres enfants que lors des réceptions mondaines. & bien évidemment, personne n'a jamais su pourquoi mes géniteurs avaient décidé de ma maintenir à l'écart de la société. Vous n'imaginez pas le bonheur que j'ai ressentis lorsqu'ils m'ont annoncés que j'allais enfin pouvoir étudier hors du cocon familial. & puisque l'on dit que le bonheur des uns fait le malheur des autres, vous devez savoir que je n'ai pas hésité à leur payer ces années d'enfermement. J'ai pris l'habitude de ne pas me lever avant 13h. De toute façon, comme aurais-je pu me lever à 8h alors que je rentrais chaque jour à 7h du matin après des soirées bien trop arrosées. Coke, LSD, vodka & sexe sont tombés dans mon existence lorsque j'ai atteint l'âge de 13 ans, & je dois dire que je ne m'en suis toujours pas lassé. Sauf bien sûr lorsque j'ai atteints l'âge de 15 ans. Fatigués d'être humilés publiquement par mes frasques rélévés par tous & toutes, mes parents ont pris la décision de m'envoyer dans un pensionnat à l'autre bout du monde, à Paris en France. Il est clair que mes dépressions & mes nombreuses cures de désintoxication ne leurs poseraient plus aucun problème lorsque je me trouverais très loin de leurs amis fortunés ouvertement choqués par mes attitudes.

Lorsque je reviens à St. Louis, j'étudies dans une école très sélect. Cette école me prépare à devenir un homme du monde, comme on dit dans les hauts quartiers. PDG et avocat sont, en gros, les deux métiers vers lesquels mon père me dirige. Ce dernier aimerait bien évidemment que je lui succède. Pour dire vrai, il envisage de me nommer directeur de son entreprise pour pouvoir aller se reposer aux baléares. Ce qu'il ne sait pas, c'est que je n'ais pas l'intention de passer toute ma vie à gérer une société spécialisés dans la création et la commercialisation de bijoux de luxe. De toute façon, pourquoi travaillerais-je ? Pour mes cinq ans, mon père m'a offert un des puits de pétrole que l'on peut trouver en californie. Lorsque j'ai atteins l'âge de mes dix ans, on a acheté des actions à mon noms dans une chaîne hôtelière que vous connaissez tous. De plus, ma mère vient de me léguer la moitié des parts de sa marque de vêtements hautes coutures. A 17 ans, je suis plus fortuné que mes parents lorsqu'ils m'ont conçus lors de leur lune de miel en Polynésie Française. Et ceci n'est que le début d'un empire qui se concrétise chaque jour un peu plus au sein de mon esprit. Je n'ai nul besoin de prendre de notes. Ma matière grise est suffisamment développée pour tout retenir. D'ailleurs, je ne cesse de rassurer mon géniteur. Je lui assure que son nom perdurera à travers le temps. Car malgré tout ce que je peux dire, je sais pertinemment que je finirais casé avant même d'avoir atteint l'âge de vingt-cinq ans. Et ce, avec une petite fille de riche souhaitant épouser un homme plus riche que son propre père. Nous nous marierons dans une immense villa et nous passerons une lune de miel tout à fait romantique sur l'île privée de mes grands parents maternels. Nous mettrons au monde deux enfants qui ne cesseront de nous étonner par leur beauté et leur intelligence hors du commun. Pour finir, nous nous tromperons mutuellement jusqu'à la fin de notre malheureuse existence. Dès fois, je me dis que je pourrais échapper à cette triste vie. Mais cela ne se trouve être qu'illusion. Après tout, pourquoi vivrais-je différemment ? Le destin des hommes de ma famille se ressemble depuis des générations. Pourquoi donc échapperais à cette foutue tradition ? Différent, moi ? Vous ne croyez pas si bien dire ... »