Le lune brille tous les soirs de sa pâle lueur argentée. Et chaque soir, j'étais à ma fenêtre, contemplant ses doux rayons, sûrement plus doux et léger que ceux du soleil. Et comme chaque soir, je fumais, et buvait, dissimulant une petite flasque entre deux livres. Je ne me souvient plus vraiment comment j'en étais arrivée là. J'étais née. Les enfants s'étaient moqués. Je m'étais renforcée. Malgré la profonde déchirure au fond de moi, je n'avais pas une impression de choc, comme si je venais de me faire mal et que soudain, la plaie béante se putréfiait. C'était plus semblable à un écartèlement continu et lent des bords. Elle s'agrandissait tous les jours un peu plus et je n'avais de cesse de la cautériser à coup de whisky. "Laisse-moi Hall, on en a déjà parlé, je veux plus te voir ici, on est plus ensemble." Je baissais les yeux vers le petit chemin menant à chez nous. Là, Dannie se disputait avec son ex-petit ami Hall. Sans distinguer son visage, je visualisais le bonhomme. Grand, maigre, cheveux mi-long, visage boutonneux ingrat de l'adolescence. C'était moi qui l'avait présenté à ma sœur. Voilà ce qu'il restait d'eux. Deux pôles opposé d'un aimants. Un coup de je t'aime, un coup je te hais. "Mais, Dan, c'est toi qui m'a embrassé hier." "Hey ! Hall, laisse tomber !" criais-je du haut de ma fenêtre. Les deux adolescents levèrent les yeux vers moi. "Sage ? Bon sang, mais t'es pas couchée ?" "C'est moi la grande sœur je te signale. Bon Hall, il est tard, vous réglerez ce problème demain, hein, à moins que vous vouliez boire et fumer, auquel cas, passer par ma chambre." Dannie me regarda et n'hésita pas plus d'une seconde. Elle grimpa par la gouttière et me rejoins par la fenêtre, laissant en bas un Hall dépité. J'étais triste pour lui. Il méritais mieux que ma sœur mais celle-ci méritait un bon gars comme Hall. Elle le comprendrait un jour, en attendant, je ne pouvais que la soutenir et la laisser donner un minimum de sens à cette morne vie. Je rêvais d'action, de suspens et de sensation forte, mais la vie est fade. Je l'avais tristement compris après le divorce de mes parents. Ce genre d’événement familial n'a pas tout chamboulé. Ça ne m'a pas ouvert les yeux sur la dureté de la vie. J'ai juste réalisé à quel point cela pouvait être vide d’intérêt et de sens. "Je croyais que tu te battrais pour que Hall et moi soyons ensemble...." "Je ne veux que ton bonheur Dan." Ma soeur me sourit puis pris une gorgée d'alcool.


Je ne me souviens pas la dernière fois que j'ai dis à ma sœur que je l'aimais. Lui ais-je dis, au moins une fois ? Je ne sais plus. Et je suis là, dans le couloir de la gendarmerie, attendant qu'un officier daigne enfin se pointer. Je déteste les policiers. Tous des petits chefs qui ne pètent pas plus haut que leur cul. Et moi, je n'étais pas assez bien pour leur bande de péquenot en costume ? Au diable ! Je vaux mieux que le quart de leurs effectifs mondiaux ! Enfin, un jeune homme en uniforme guindé se présente. Le col boutonné et le visage pâle, il m'emmène vers le bureau du dénommé Lieutenant Camden. Encore un bureaucrate incapable d'aller sur le terrain, je les hais tous ! "Ma soeur a disparu." "Oui, c'est pas comme si personne n'avait vu toutes les affiches placardées sur tous les murs de la ville." Son ton sarcastique m'énervait déjà. "Depuis combien de temps a-t-elle disparue ?" "Avant-hier." Le lieutenant me regarda un instant, un coin de sa lèvre légèrement retroussé. Il se moquait de moi. "Je ne plaisante pas ! Ma soeur adore la ville, elle a tout ici. Famille, ami, emploi ..." "Et soudain, il arrive ! Il beau prince charmant sur un cheval blanc. Il lui fait miroiter des richesses, l'amour fou, des nuits d'enfer et elle l'épouse et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. Bon, écoutez, je n'ai pas de temps à perdre, il y a des gens qui meurent tous les jours en bas de chez moi, je vais plutôt m'occuper de sauver des vies." Mon visage se fissura, ma mâchoire s'affaissa. Comment osait-il ? Il se leva, contourna son bureau, passa un bras autour de mes épaule et m'accompagna vers la sortie. "Vous n'êtes qu'un --" Et il me claqua la porte au nez, me laissant admirer les lettres délicates de son noms dessinées sur la porte. Lieutenant Camden, je vous maudis sur cent ans.



Saint Louis est horrible pour une femme comme moi. Voilà la première pensé qui m'est venue en coupant le moteur de ma voiture, garée sur le parking du Schlafly center. Mes muscles se tendaient, mes lèvres se crispaient, mes poils se hérissaient. Tout ici me révulsait tandis qu'une simple question assourdissait mon esprit. Mais par tous les diable, que venait faire ma sœur ici ? Je priais inconsciemment pour qu'elle ne l'ai pas fais de son plein grès, qu'un sociopathe l'ai kidnappé et forcé à s'installer ici. Encore faudrait-il que je sois sûre qu'elle y vive. "Non de non Swag qu'est-ce que tu fous là !" Je sursautai sous le poids écrasant d'un son suraiguë à ma gauche. Je venais tout juste de sortir de ma voiture quand cette fille m'avais sauté dessus. Je mis longtemps à la reconnaître. "Dannie ? Non ! Tu n'as pas fais ça ? Tu as -- TES CHEVEUX ? ILS SONT OU ?" m'exclamais-je comme si elle n'avait jamais disparu des mois durant. Puis, la réalité me frappa. J'explosais. "Putain Dan ! Où t'étais passée ? Je t'ai cru morte ! Tu sais, MORTE ! L'utérus défoncé, un couteau planté dans le cœur et ton visage défiguré !" "Mon utérus-- roh ! c'est bon Sage, je peux aussi m'occuper de moi-même. Je me suis barré parce que j'ai rencontré quelqu'un figure toi." Mon cœur s’arrêta. "Et soudain, il arrive ! Il beau prince charmant sur un cheval blanc. Il lui fait miroiter des richesses, l'amour fou, des nuits d'enfer et elle l'épouse et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. Bon, écoutez, je n'ai pas de temps à perdre, il y a des gens qui meurent tous les jours en bas de chez moi, je vais plutôt m'occuper de sauver des vies." Les paroles du lieutenant Camden me heurtèrent de plein fouet. Elles me revenaient en pleine figure tandis que je croisais le regard de l'homme qui les avait prononcé. Comment cela était-ce possible ? "--Il est vraiment parfait, tu sais et doux et-- oh! le voilà ! Snow ! Vient, ne soit pas timide, je te présente ma soeur, Sage. Sage, voici mon fiancé, Snow Camden, il est lieutenant de police." La, je tombais carrément dans les pommes.