Lucie & Aloysia ♥

«  Je n'ai jamais mangé de space cake au chocolat. » Je le fusillais du regard avant de reprendre une gorgée de coca trafiqué, grimaçant légèrement au goût de la boisson en question. Pourquoi diable avais-je accepté de jouer à 'Je n'ai jamais' avec Jérémiah et Lucie ? Eux étaient à l'alcool, évidemment, mais moi avec ma grossesse, j'avais du me contenter d'une bouteille de coca trafiquée avec du fanta, de l'ice-tea, de la bière, du café, de la citronnade, et même un peu de sirop -orange, épais et surtout extrêmement dégueulasse- pour la gorge, le tout conconcté par mon 'merveilleux' cousin. Au départ, je m'étais dit que ça ne devait pas être si mauvais étant donné que les boissons bues séparément étaient délicieuses mais, en buvant le mélange, je devais reconnaître que c'était franchement inbuvable et que ça m'en donnait des haut-le-coeur. Mais bon, comme il était hors de question que je déclare forfait en étant certaine de gagner malgré le goût infâme de ce truc, je me contentais de subir tout en lançant un sourire satisfait à Jérémiah.

Après un bon moment passé à boire, à délirer et à parler de tout et de rien, nous nous étions endormis comme des masses dans le lit de Lucie. A trois -disons même quatre vu la grandeur de mon ventre qui pouvait très facilement compter pour deux- dans un lit deux places, c'était quand même assez dur. Heureusement que Lucie et moi n'étions pas particulièrement grandes par rapport à Jérémiah, ce dernier occupant déjà les trois quarts de la place à lui tout seul. Bon, c'est pas tellement sa faute s'il fait quasiment 1m90 m'enfin bon, il pourrait au moins se placer de façon à prendre un peu moins de place. Bref. Vu l'heure à laquelle nous nous étions couchés, je ne m'attendais pas à me lever avant quatorze heures minimum et, à vrai dire, je ne m'étais pas vraiment trompée. Je m'étais réveillée une première fois vers midi, pour constater que les deux paillasses à côté de moi dormaient encore, ce qui m'avait fait me rendormir jusqu'à maintenant, quinze heures et trentes minutes. Je devais avouer que c'était bizarre de s'endormir aux côtés de deux personne et de se réveiller seule, suite à un message reçu de la part de ma mère m'informant que j'avais tout intérêt à venir récupérer le chat à la maison, tout en me disant par la même occasion que c'était car elle déménageait dans un appartement où les animaux n'étaient pas acceptés car elle avait quitté mon père.

Je poussais un soupir en lisant le message, à moitié satisfaite malgré tout que ma mère aie enfin ouvert les yeux après toutes ces années, avant de finalement remettre mon téléphone sous mon oreiller et de refermer les yeux, prête à me rendormir. Et pourtant, une demi dizaine de minutes ne s'étaient pas encore écoulées que deux sauvages m'assaillirent en gloussant, me faisant malgré tout sursauter. Je les avais entendu monter les marches, mais je ne m'étais pas vraiment attendue à un réveil aussi sauvage malgré tout, même si ça ne m'étonne pas plus que ça venant d'eux deux. Surtout que ça faisait quand même deux semaines que Jérémiah me réveillait comme ça, alors pourquoi s'arrêterait-il en sachant que ça m'emmerde profondément? Tout ce qui était susceptible de m'enquiquiner plaisait à mon cousin, du simple fait que je m'amusais à le torturer depuis toujours pendant le reste de la journée, et parfois même la nuit.

Je poussais un soupir agacé avant de tenter d'enfoncer un peu plus ma tête dans mon coussin mais je savais que c'était peine perdue. Maintenant qu'ils avaient réussi à m'éveiller, ils n'allaient plus me laisser m'endormir, ça ne faisait aucun doute. Puis de toute façon, vu le nombre d'heures où nous avions dormis les uns comme les autres, on ne risquait pas de se coucher tôt ce soir non plus, faut bien l'avouer. Mais bon, il ne me restait qu'un peu plus d'un mois -grand maximum- pour profiter de ces moments avec mon cousin et ma cousine, étant donné que j'étais parfaitement consciente que tout allait changer avec l'arrivée du bébé. Pour l'instant, on ne dérangeait personne -si ce n'est les retraités qui nous servent de voisins, mais ils ne comptent pas vraiment à vrai dire- lorsqu'on faisait hurler notre musique jusqu'à trois heures du matin, en riant et en jouant à des jeux plus stupides les uns que les autres mais ça allait devoir se calmer d'ici peu. Avec un bébé qui passera sans doute les trois quarts de la journée à dormir, il faudra bien accorder nos moments avec ceux du nourrisson et je sentais qu'au départ, j'allais vraiment en pâtir. Déjà que ça faisait un très long moment que je n'avais plus pu fumer ne serais-ce qu'une clope, un joint, du cannabis ou même boire une seule goutte d'alcool alors savoir que j'allais devoir apprendre à être responsable en un temps record, ça me faisait malgré tout assez bien peur. Heureusement que j'aime déjà ce bébé, d'ailleurs. Bref. Je poussais un soupir avant de regarder les deux zozos en face de moi en secouant légèrement la tête. Décidément, le manque de délicatesse en toutes circonstances, c'est bel et bien familial. « - Bande de sauvages.. » me plaignis-je légèrement avant de me passer une main dans les cheveux, un geste machinal que je faisais pourtant une bonne quarantaine de fois sur une journée. « - Tiens, c'est petit déjeuner au pieu, aujourd'hui ? » déclarais-je avec un petit air amusé tout en désignant d'un signe de tête le plateau posé à côté de moi.

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