« Madame McFly ? Alors pour les napperons on choisit quelle couleur ? Madame McFly… Vous allez bien ? » Je sortais alors de mes pensées tout en secouant légèrement la tête. Je me sentais vaseuse et à vrai dire j’ignorais si c’était dû à ma grossesse ou aux récents événements. Tout en reportant mon regard vide sur mon interlocutrice je fis « La couleur crème irait mieux avec le décor. Hum… est-ce que je pourrais avoir un verre d’eau s’il vous plait ? » La jeune femme se redressa, me fixant, inquiète « Bien sûr, asseyez-vous je vous apporte ça. » Et j’exécutais ce qu’elle venait de me suggérer, remettant par la suite ma robe en place. Je passais ensuite une main dans mes cheveux blonds, me retenant de pleurer, ah les joies de la grossesse. La jeune femme revenue presque en courant vers moi avec le fameux verre d’eau qu’elle me tendit par la suite. Après l’avoir apporté je le portais à mes lèvres, le buvant d’une traite, soupirant de bonheur. Ma première grossesse s’était parfaitement passée mais je dois dire qu’avec le stress que je ressentais en ce moment, la deuxième est plus pénible. Ma journée avait pourtant débutée, et je savais qu’elle était loin d’être finie. J’aurais tout donné pour rentrer chez moi à une heure décente et m’affaler sur le canapé pour manger un pot de glace devant un film romantique pendant qu’Adam serait à sa soirée mondaine. La fatigue se marquant sur mon visage, je soufflais déjà en me disant qu’elle tonne de maquillage j’allai devoir m’étaler pour paraître fraiche. Posant mon regard sur la décoration de table pour le futur mariage d’une de mes clientes, je repensais à qui je devais mon angoisse. C’était à cause de Sawyer tout ça, il m’avait abandonné pour s’adonner à une guerre, et désormais il se permettait de revenir dans ma vie presque parfaite pour tout chambouler. Je tournais presque de l’œil en repensant à lui, à la première fois que je l’avais revu depuis son retour. J’étais devenue pâle, croyant à un fantôme, mais on peut chasser les fantômes, or on ne peut chasser le passé. Une main sur mon ventre, je décidais de me lever pour continuer ma journée, après tout ce n’était que le début…

La journée avait été très longue à mes yeux et ma tête n’en pouvait plus d’entendre les piaillements de la future mariée, une fois dans le taxi j’avais par conséquent demandé au chauffeur de couper la musique pour m’assoupir par la suite durant le trajet. Le gentleman me réveilla à destination et d’un sourire, je le gratifiais. J’étais soulagée d’être rentrée même si je savais que la seconde partie de la journée m’attendait. J’entrais alors, embrassant Adam qui se préparait déjà, câlinant ensuite mon fils. Puis sans rien dire je filais dans ma chambre me préparer pour la soirée. Après une bonne douche j’enfilais une robe noire, avec un peu de chance elle m’amincirait, dissimulant mes formes. Et quelques longues minutes après, j’étais déjà à la soirée, un verre de jus de pomme à la main, affichant un large sourire devant les clients et devant mon futur mari, ne souhaitant en secret que retourner chez moi pour me coucher dans mes draps de soie. « Tu as des nausées ? » On était déjà à table, contrairement à ma journée, j’étais tellement absorbée par mes pensées que je ne voyais pas la soirée défiler. « Euh… oui, je ne me sens pas très bien. » Je souriais alors aux invités pour les rassurer, jetant l’excuse de la grossesse même si ce n’était pas la seule fautive. « J'ai fais quelque chose ? Non parce que ça fait des jours que tu me parles à peine et je commence à me poser des questions à force. Je suis désolé si je t'ai un peu délaissé de la soirée mais tu sais que c'est important pour moi hein ? » Je soufflais alors discrètement pour essayer d’évacuer les tensions, et tout en posant ma main sur celle d’Adam sous la table je le rassurais d’un regard, lui chuchotant « Je sais que cette soirée est importante pour toi, ce n’est donc ni l’endroit ni le moment pour parler de ce genre de choses Adam. » Je lâchais alors sa main pour attraper ma coupe de jus et me désaltérer pendant que les clients en face de moi riaient de bon cœur.

Adam était ma nouvelle vie, mon nouveau souffle, l’homme capable de me supporter encore et encore, capable de survivre à mes envies destructrices, il était tout pour moi. Pourtant… je sentais que quelque chose n’allait pas, qu’il y allait avoir un hic qui allait littéralement m’exploser au visage dans quelque temps et j’étais plus qu’apeurée. Je me souviendrais probablement toujours de l’après-midi où tout à basculer. Je rentrais le sourire aux lèvres, pressée d’enlacer mon tendre futur époux ainsi que d’embrasser mon fils, pressée de dîner, de partager un moment en famille, malheureusement j’étais restée figée sur le pas de la porte lorsque Justin s’était mis à courir en ma direction, criant qu’il avait rencontré un homme fantastique nommé Sawyer. Mon sang s’était glacé sur le coup et des larmes étaient montées pour se nicher au creux de mes yeux clairs. Au départ j’avais pensé qu’il faisait erreur, qu’Adam lui avait présenté un ami qui, par pure coïncidence portait le même nom que mon ex, c’était la seule hypothèse possible. Malheureusement, plus les jours passaient, et moins je dormais, cette soi-disant hypothèse prenant un peu trop de réalisme à mon goût. Et celle-ci fut confirmée lorsque Sawyer se pointa à mon travail, attendant que je sorte pour me saluer de sa voix suave. J’en ai encore des frissons. Non cette vie était terminée, elle était classée, enfouie sous un flot de larmes, et je voulais la laisser là où elle était depuis des années, pourtant j’étais là, arborant un teint blafard pendant que des invités riaient aux éclats.

Adam avait tout de suite remarqué que quelque chose n’allait pas, il avait raison, et à vrai dire je n’avais rien fait pour cacher mes émotions. Même si je me forçais à sourire, je n’arrivais pas à manger, à avoir une conversation digne de ce nom, non à la place je restais là, le regard vide à fixer tour à tour les gens de cette table. « Tu veux que je demande du jus de pamplemousse ? Le médecin a dit que c'était très efficace contre les nausées. » Je dirigeais alors mon regard vers lui, affichant un sourire penaud, avant de lancer « Non pas la peine, merci. » Puis je me mis à jouer avec ma fourchette, juste après lui avoir demandé de profiter de sa soirée, de pour une fois, ne pas se préoccuper de sa femme et de son bébé. J’avais beau être une des personnes les plus importantes pour Adam, je me sentais ridicule, voir toute petite comparée aux gens qui déambulaient auprès de lui depuis le début de la soirée. « Ça veut dire quoi, ce n'est pas un endroit pour en parler ? » Adam semblait plus inquiet que je ne le pensais ce qui afficha un rictus sur mes lèvres. Il s’était à présent tourné vers moi, me chuchotant « Dis-le moi. » Je me sentais d’un coup prise au piège, je suffoquais, il me fallait de l’air. « Je t’en prie Adam, arrête. » Lui soufflais-je discrètement avant de porter ma serviette au niveau de mon visage. Malheureusement mon fiancé paraissait obstiné, et pour éviter tout autres questions je choisissais alors la fuite. Arborant un large sourire je fis « Mesdames, Messieurs, excusez-moi mais je vais devoir m’absenter un petit moment, besoins de femme enceinte obligent ! » Et c’est sous les quelques rires des invités que je me levais, n’adressant pas un regard à Adam, allant par la suite me réfugier dans les toilettes pour dames. Une fois dans celles-ci, je me passais de l’eau sur le visage, soufflant longuement. Et c’est en me regardant dans le miroir que les larmes se mirent à couler tout le long de celui-ci, sans que je puisse les retenir…

J’étais tiraillée, plus que fatiguée psychologiquement, il fallait que cette histoire cesse. Mais comment avouer à mon fiancé que mon ex-petit ami, père de mon premier enfant était revenu dans ma vie et qu’il ne comptait pas me lâcher ? Et comme lui faire comprendre que c’est un de ces soi-disant amis ? Ma gorge était nouée, je fixais le plat en face de moi avec une certaine envie de vomir. J’aurais pu mettre ça sur le compte de la grossesse mais je savais pertinemment que ce n’était pas le cas. Je suis une fille nerveuse, souvent je m’angoisse pour un rien, beaucoup trop, alors imaginez mon état actuel. Pour faire un effort, et parce qu’il fallait bien que je me nourrisse, j’attrapais la fourchette et triturait ma nourriture, essayant par la suite d’avaler une bouchée de légumes qui me resta en travers de la gorge. J’attrapais alors rapidement ma serviette pour la mettre devant ma bouche, pour cacher mon envie immédiate de rendre ce que je venais d’avaler, puis je pris congé, courant presque vers les toilettes. J’avais enfin un moment de répit, enfin je pouvais me permettre de souffler et me laisser aller à mes émotions. Il fallait que cette soirée cesse, que je rentre chez moi et m’isole encore, et surtout qu’Adam soit constamment derrière moi, ne serait-ce que le temps que je réfléchisse à la façon de lui avouer certaines choses. Mais je le connaissais par cœur, je savais qu’il ne me laisserait pas une minute de répit. Mes jambes tremblaient, prête à ne plus supporter mon poids, pendant que les larmes coulaient le long de mon visage. J’étais sensible certes, mais la grossesse et la fatigue amplifiaient mes émotions. Je me traitais alors d’idiote tout en me regardant le miroir.

Les minutes défilaient et je m’obligeais à respirer profondément, en fermant les yeux, essayant de me concentrer sur le calme qui m’entourait, en vain puisque mes pensées étaient toujours tournées vers Sawyer. Je ne comprenais même pas moi-même pourquoi mon esprit me jouait ce tour, Sawyer était mon passé et Adam mon présent, point final. Une jeune femme entra alors, me saluant pendant que je faisais semblant de me repoudrer le nez. J’essuyais alors rapidement mes larmes une fois que celle-ci était entrée dans les cabinets. A la sortie des toilettes elle me complimenta sur cette fête, puis sur le travail de mon mari, je la gratifiais d’un sourire. Respirant d’un bon coup, je me décidais à sortir, j’avais révisé mon excuse de la femme enceinte pour rentrer en douce à la maison. Je rangeais alors mes affaires dans ma pochette et sortais des toilettes pour tomber nez à nez avec Adam qui me bloquait le passage. « Je ne le crois pas que tu me fuis. Franchement merci de ta confiance. » Entrouvrant mes lèvres, je ne pus sortir qu’un vulgaire « Je… ». Ma voix était fébrile et je ne savais où poser mon regard. « Tu as le choix, soit tu me dis ce qui se passe, soit je ne rentre pas avec toi ce soir. J'en ai marre que depuis des jours voir une semaine tu ne m'adresses pas la parole, ou à peine. Merci j'existe. » Il était visiblement très remonté contre moi pour me poser un ultimatum pareil et j’avoue que cela me perturbais, je ne m’attendais pas à ça de sa part, non ce n’était pas son genre. « Quoi tu oserai me faire ça ? Et bien va-t-en, vas-y ! Je vais en faire de même, au moins je ne gâcherai pas ta soirée. » Je fronçais les sourcils, le maudissant presque. Puis je tentais de partir alors qu’il me retenait, de force. Plantant mon regard dans le sien je le suppliais « S’il te plait Adam, laisse-moi partir… » Malheureusement il ne m’écouta pas, ne relâchant pas l’emprise qu’il avait sur moi. Collée à lui je posais mon regard dans le sien, si froid, et les larmes se mirent à couler, je ne pouvais retenir mes sanglots. Arrêtant de forcer contre lui, je posais délicatement ma tête sur son épaule, à bout de force.